"Portraits de lune"
Extrait du manuscrit du même nom: E.A
En guise d'Editorial: "La rose".
Vingt neuvième parution
Photos: © C.L.M
No: 29, Le Havre/France/Janvier 2015
Réalisation: C.L.M & E.A
En guise d'Editorial
"La rose"
"Une femme qui chante est souvent triste. Ses entrailles ont des noms, ses entrailles ses enfants, ses entrailles son amour, ses entrailles sa vie de femme. Une femme chante toujours pour noyer sa peine; et, quand elle se met à rire au miroir, c'est pour mieux panser ses plaies. Donc, quand une femme se regarde, on peut entrevoir le monde dans ses pupilles; et, ce dernier disparaît en ces larmes cristallines qui lui coulent sur les joues. Quand un mal frappe le monde, tous les ventres de toutes les femmes de la terre se cramponnent dans une douleur sans voix ni couleur, sans croyance ni espérance."
©Photo: C.L.M |
Confidences au miroir
Je suis une femme, une fleur
nocturne et une danseuse de la nuit.
Quand je me maquille, j’aime me voir, moi Emma, avant ma métamorphose en
Béatrice, l’impératrice. J’ai de beaux yeux, des cils d’un noir étincelant et ils
pointent comme des arbres sombres dans la nuit, mon visage d’ébène est d’une
beauté divine, je le sais, je le sens…mes lèvres sont pulpeuses et les hommes
en raffolent. J’ai le buste d’une déesse africaine, imposant et sensuel à la
fois. Je ne peux pas vous parler de mon cul, je suis assise dessus ; mais,
je peux vous avouer que la jolie robe d’impératrice que je porte quand je suis
Béatrice, cette jolie robe moulante fait ressortir mon côté jument à rendre
folles les âmes. Les hommes sont des Cow-boys et Dieu seul sait combien les Cow-boys
aiment les juments. Mais, les juments galopent toujours au gré de leurs
caprices….
Abstraction
Je suis assise et ma robe
lamente telle une source blessée à mes pieds…j’ai marché comme un âne pour en
arriver là, me voilà fatiguée jusqu’à maudire le soleil. Une femme devant un
puits, image posthume d’un portrait biblique, que serait notre vie, notre destinée, notre lubie, si nous étions toutes, femmes de la terre entière, des anges qui flânaient dans le ciel où les
hommes n’étaient que ces aliments aphrodisiaques que nous mangions autrefois afin
d’accomplir les saisons? Je suis une femme assise dans sa robe…
L’Orpheline
Je réclame mon papa au ciel à
chaque fois que je le regarde J’ai dévoré chaque étoile afin de trouver un
coupable. Mais, Hélas !
Hélas ! Je me rappelle que ma première poupée, mon père ne l’avait payée
que quelques pièces, et je suis certaine qu’il aurait pu dépenser le double
voire le triple s’il venait à organiser mon mariage. Non, il aurait mieux fait,
il aurait pu vendre son sang pour planifier les cérémonials et compagnies…Je
réclame un père qui ne me vient pas, un père pour me prendre la main et m’emmener
à l’autel, fixant ses yeux dans ceux de mon amoureux, mon Ulysse, avant de lui
serrer la main en signe d’accord de confiance sous surveillance.
« Je marche pour la pierre qui s’immobilise
Je parle dans le noir pour le sourd muet
planqué dans
l’ombre du soleil, sous ma fenêtre
Je
marche pour allaiter mon corps
et le
fatiguer
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